Comment le savoir entre-t-il dans la classe ? Quelles transformations subissent les connaissances pour pouvoir être enseignées ? Sous l’effet de quelles contraintes, au nom de quoi sont-elles sélectionnées ou adaptées ? Que retiennent les élèves de ce qu’on essaie de leur transmettre ? C’est à de telles questions que répond cet ouvrage, à propos d’un objet de savoir précis : la respiration, telle qu’elle figure dans les programmes de biologie.
L’approche est d’abord historique et scientifique : les auteurs font le point sur les théories les plus récentes concernant le phénomène de respiration cellulaire et montrent comment les connaissances ont évolué à ce sujet au cours de l’histoire de la biologie.
Ils examinent ensuite la façon dont cette question est présentée dans les manuels scolaires et mettent en évidence certaines de leurs faiblesses : l’hésitation constante entre des théories périmées et des savoirs actualisés mais difficiles à intégrer, la dénaturation de la démarche expérimentale à travers des expériences coupées de leur contexte historique ou des problématiques qui les font naître.
Puis ils analysent, d’un point de vue épistémologique et sociologique, ce qui, en amont, a déterminé une telle présentation : le cursus universitaire des futurs enseignants et les instructions officielles dont la philosophie sous-jacente est mise à jour.
Enfin, dernier maillon de la chaîne, une enquête réalisée auprès d’étudiants entrant à l’université permet d’examiner les représentations qu’ils se font de la respiration à la fin du secondaire.
Passionnante aventure d’un concept, de la sortie du laboratoire à la porte de la classe, de la théorie scientifique telle qu’elle progresse chez les chercheurs jusqu’à l’image qu’en construisent ceux qui l’étudient au lycée.
Cette étude concerne bien sûr au premier chef les professeurs de biologie pour qui un examen aussi complet d’un thème central de leur discipline est essentiel. Mais elle peut intéresser plus largement l’ensemble des enseignants, les étudiants en IUFM, les chercheurs en didactique et les formateurs d’enseignants, quelle que soit leur discipline : elle révèle en effet de manière très concrète comment se réalise ce que l’on appelle la transposition didactique d’un savoir, invite à réfléchir de manière fondamentale sur les contenus enseignés et montre, s’il en était besoin, que les savoirs scolaires ne vont pas de soi.
Passionnante aventure d’un concept, de la sortie du laboratoire à la porte de la classe, de la théorie scientifique telle qu’elle progresse chez les chercheurs jusqu’à l’image qu’en construisent ceux qui l’étudient au lycée.
Commentaire de l’éditeur sur l’actualité du sujet
Depuis l’achèvement de cette recherche, cursus (terminales D et C fusionnées en S) et programmes ont changé, la biochimie de la respiration n’est plus abordée de la même façon, les enseignants des sciences de la vie et de la Terre ont l’impression - peut-être subjective - que le délai de réponse du scolaire aux nouveaux acquis de la recherche se raccourcit, les manuels observés dans ce travail ne se sont pas avérés être les plus utilisés par les enseignants. Ainsi on peut s’interroger sur les constats que les auteurs seraient amenés à faire aujourd’hui. Cependant nous conservons cet ouvrage au catalogue, convaincus que sa (re)lecture attentive reste un excellent moyen de se donner les outils pour une réflexion approfondie sur les objectifs généraux des sciences expérimentales, le rôle de la discipline, ses difficultés, les conditions de son efficacité, son évolution ; c’est aussi une excellente occasion de tester ses propres conceptions scientifiques et d’imaginer de nouvelles pistes pédagogiques ; c’est enfin - à notre avis - un travail qui reste parfaitement d’actualité dans le cadre de la formation des enseignants de SVT, bien au-delà du concept de respiration.
Pour Adapt, Alain Prevot, professeur de SVT