Le passage de Vénus devant le Soleil est un phénomène extraordinaire : il se
produit deux fois en huit ans, puis disparaît pendant plus d’un siècle. Malgré l’accroissement de l’espérance de vie, son observation est un privilège réservé à une génération sur quatre. Ce spectacle astronomique n’a rien de saisissant et resta inconnu jusqu’à Kepler au XVIIe siècle qui découvrit le phénomène par le calcul et non par l’observation. D’ailleurs, la réussite de sa prévision apporta une éclatante confirmation de l’héliocentrisme et des théories de Copernic.
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A l’instar de Mars, Vénus est historiquement importante pour la mesure de la distance Terre-Soleil. En 1672 par exemple, l’Observatoire de Paris entreprit d’obtenir cette grandeur en pointant Mars qui s’approchait exceptionnellement de la Terre. Mais le résultat resta imprécis et contesté. L’occasion de lever cette incertitude se présenta presque un siècle plus tard lors du passage de Vénus devant le Soleil. Lalande, un des astronomes les plus compétents du XVIIIe siècle, n’hésita pas à affirmer : De tous les phénomènes célestes, le passage de Vénus est celui dont on devait espérer la plus exacte détermination de la distance du Soleil à la Terre.
En 1716, certain de ne plus être en vie en 1761 lors du passage suivant, il lança un
appel passionné aux " curieux du monde entier " pour qu’ils mesurent la distance
Terre-Soleil à l’aide de cet événement. Il proposa que deux astronomes chronomètrent l’intégralité du passage (environ six heures) en étant éloignés l’un de l’autre, le premier posté dans l’hémisphère nord et l’autre dans l’hémisphère sud. Sa méthode exigeait donc des voyages périlleux, notamment vers les régions alors presque inconnues de l’Océan Indien, missions lointaines menacées tout autant par la disparition en mer que par le scorbut. Comme on devait éviter que ce moment précieux fût gâché par un nuage malencontreux, il fallait multiplier les stations d’observation. En 1761, malgré la guerre de Sept Ans qui venait d’éclater et compliquait donc leur tâche, plusieurs savants purent faire leurs observations et imposer à leurs monarchies ennemies une vaste coopération internationale, la première du genre.
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Auteurs
Blamont Jacques, professeur émérite à l’université Paris VI, membre de l’Académie
des sciences, associé étranger de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis,
a introduit la science spatiale en France comme directeur scientifique et technique du
CNES.
Cannat Guillaume, ancien rédacteur de Ciel & Espace, présentateur sur la chaîne
météo de l’émission quotidienne Ciel de nuit...
Delaye Yves, journaliste scientifique, co-fondateur du Festival d’astronomie de
Haute-Maurienne/Vanoise et Président directeur général de la Maison de
l’Astronomie, grand " chasseur d’éclipses ".
Laudon Michel, professeur de sciences physiques.
Luminet Jean-Pierre, astrophysicien à l’Observatoire de Paris et directeur de
recherches au CNRS, auteur de nombreux ouvrages.
Roode Steven M. van, professeur de physique à Breda (Hollande)...
Sellers David, ingénieur anglais, auteur de plusieurs ouvrages...
Simaan Arkan, professeur de sciences physiques