Voici l’histoire intellectuelle, sociale et culturelle de la naissance de l’archéologie préhistorique. L’action se déroule en France dans la seconde moitié du XIXe siècle.
L’expédition d’Égypte de Bonaparte et le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion viennent de renouveler l’intérêt pour l’archéologie tandis que les travaux de Georges Cuvier révèlent l’existence d’un passé géologique peuplé d’animaux disparus. À la Royal Society de Londres, à l’Académie des sciences de Paris et dans les sociétés savantes, les scientifiques admettent désormais que l’homme existait en un temps lointain où vivaient encore le mammouth et l’ours des cavernes.
Des savants partent alors en quête de nos origines. Bien qu’il n’existe encore aucune technique de datation – la radioactivité (Carbone 14) ne sera utilisée qu’après 1945 – on évalue la durée de la préhistoire entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines de milliers d’années, ce qui contredit la croyance chrétienne selon laquelle l’homme avait été créé par Dieu environ 4 000 ans avant notre ère.
Par ailleurs, certains fossiles humains – comme le fragment de crâne découvert à Neandertal – semblent indiquer que notre ancêtre préhistorique était physiquement différent de l’homme moderne. Après la publication par Darwin de L’Origine des espèces (1859), des preuves archéologiques viennent alimenter le débat sur l’évolution biologique de l’homme. Les préhistoriens pensent que l’Europe est le berceau de l’humanité et ils y cherchent activement les traces d’un ancêtre mi-homme, mi-singe (ce n’est qu’au XXe siècle que seront découverts des hominidés asiatiques – l’homme de Pékin – et africains – Lucy ou Abel).
Les travaux des savants, les controverses qu’ils font naître et les perspectives de cette nouvelle science suscitent des vocations nombreuses chez les érudits (Jacques Boucher de Perthes à Abbeville, Gustave de Closmadeuc à Vannes ou Emile Cartailhac à Toulouse). Très rapidement les grands débats sur l’origine de l’homme provoquent aussi la curiosité d’un large public et la préhistoire devient une science populaire. En 1865, Jules Verne présente à son tour la question dans son Voyage au centre de la Terre.
Accessible aux non-spécialistes, illustré de nombreuses images et d’extraits de textes qui ont été choisis pour leur originalité et donnent un accès direct aux sources, l’ouvrage contient aussi des encadrés apportant de brèves mises au point sur quelques sujets spécifiques.
Cet ouvrage propose par ailleurs une réflexion plus théorique sur les processus constitutifs de l’émergence d’une nouvelle science.