En France comme dans toute l’Europe, le XVIIIe siècle est une époque de bouleversements politiques et sociaux. Les grands philosophes (Hume, Voltaire, Rousseau, Kant) donnent l’exemple de la liberté de pensée. Cette liberté gagne aussi les naturalistes. Néanmoins, dans son Histoire naturelle, Buffon continue à prendre l’homme comme unique référence et, de leur côté, les grands botanistes (Tournefort, Jussieu, Linné) bâtissent encore des systèmes de classification où les types végétaux sont immuables. Il faudra la vigueur des nouveaux penseurs matérialistes comme Diderot ou encore celle des médecins vitalistes comme Bichat pour contrer le retour de l’esprit de système dans les sciences naturelles. C’est en 1809, dans la Philosophie zoologique de Lamarck que, pour la première fois, le monde animal est décrit en perpétuelle transformation. L’histoire naturelle cède ainsi définitivement la place à la biologie.
Le livre est construit en suivant les œuvres des grands savants du XVIIIe siècle : l’auteur reconstitue la démarche intellectuelle suivie par chacun d’entre eux et les circonstances de leurs principales découvertes. Chaque domaine concerné (microbiologie, génétique, botanique, zoologie, physiologie, transformisme) donne lieu à une présentation d’ensemble faisant le point sur l’état de la discipline à l’époque.
Est-ce le tableau, l’enchaînement des vérités, la suite de leurs générations, qui feront l’objet
principal de l’historien, ou doit-il décrire avant tout le travail et les efforts des hommes ?
Ordonnera-t-il son récit pour les découvertes ou pour les artisans de ces découvertes ? (...)
Le premier devoir de l’historien est d’être fidèle, il ne doit point cacher les vices de son
héros : nos misères comme notre grandeur sont notre histoire. On nous pardonnera donc de
détailler les idées absurdes qui ont précédé la vérité et mêlé quelquefois leur ombre à sa
lumière. Ici le héros est l’esprit humain ; nous devons dire ses méprises et même ses erreurs,
en même temps que nous montrons sa gloire ; c’est le tableau de ses faiblesses et de son
énergie.
Jean-Sylvain Bailly, Histoire de l’Astronomie, 1779