Bref extrait de la postface de Jean Gayon :
C’est dire l’actualité de la passionnante collection de textes rassemblée par Maryline Coquidé et Stéphane Tirard. C’est en fait tout le volume qu’il faut louer. Jamais sans doute la question de l’enseignement de l’évolution en France n’aura été traitée avec autant de soin dans toutes ses dimensions : programmes d’enseignement (en prenant en compte tous les niveaux de scolarité), difficultés cognitives, conceptuelles, culturelles et pédagogiques de l’enseignement de l’évolution, prise en compte de l’état actuel de la biologie de l’évolution, et questions de société qui ne manquent pas de se poser (importance des contextes nationaux, de la question religieuse, et de l’engagement collectif des enseignants, y compris au niveau syndical). À tous ces égards, le livre est remarquablement documenté, et exemplairement animé par une réflexion critique qui donne le change en comparaison avec la langue de bois trop souvent utilisée dans les déclarations publiques horrifiées sur le sujet, indûment obsédées par la crainte d’une invasion idéologique du créationnisme (dans le genre « Mais comment est-ce possible ? », « Comment a-t-on pu en arriver là ? »). Les auteurs qui ont contribué à ce livre profond et rigoureux sont des praticiens de l’enseignement de l’évolution. Ils donnent un état des lieux, non un état des craintes. Ils parlent de l’enseignement de l’évolution, pas du créationnisme (ou s’ils le font, c’est en ramenant la question sur le terrain didactique et pédagogique). En examinant l’enseignement de l’évolution avec précision sous tous les aspects auxquels ils sont confrontés en pratique, les auteurs renouvellent un débat trop dominé par ce qu’on pourrait appeler la croisade anti-créationniste. Au reste, la dimension de l’enseignement a toujours été un problème capital dans l’histoire de la biologie de l’évolution. Ce n’est sans doute pas tout à fait par hasard que Maryline Coquidé et Stéphane Tirard ont placé en tête du livre, dès la première ligne de leur introduction, le fameux adage de Theodosius Dobzhansky : « Rien en biologie n’a de sens, si ce n’est à la lumière de l’évolution ». On peut rappeler, pour mémoire, que c’est dans une conférence prononcée devant l’association américaine des professeurs de biologie de l’enseignement secondaire que Dobzhansky, deux ans avant sa mort, a inventé cette formule.
On lira l’intégralité de ce texte dans le pdf joint.