Maryline Coquidé et Stéphane Tirard, dir.

L’évolution du vivant

Un enseignement à risque ?

Caractèristiques de l'ouvrage :

ISBN :

2-909680-87-8

Co-édition :

Adapt-Vuibert

Collection :

Vie, santé, évolutions

Nombre de pages :

240 pages

À télécharger :

Publié le mars 2009

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L’évolution du vivant est devenue le paradigme central de la biologie et, si les chapitres explicitement consacrés à la théorie de l’évolution dans la scolarité obligatoire ne sont pas si nombreux, elle oriente néanmoins la totalité de l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre.

Depuis 1859 les idées darwiniennes ont fait leur chemin, depuis 1953 la génétique et la biologie moléculaire ont donné un support matériel aux phénomènes évolutifs et la théorie n’a cessé de se consolider et s’enrichir. Cependant bien des régressions, des remises en cause, des résistances subsistent ou réapparaissent.

Des enquêtes, menées auprès de publics ayant appris de la biologie au-delà du baccalauréat scientifique, révèlent une grande ignorance ou de graves confusions. Faire face aux offensives des mouvements néo-créationnistes ou du dessein intelligent exige un travail d’épistémologie – auquel les enseignants sont peu préparés – afin d’analyser les raisonnements biaisés qui sont opposés et mettre en place une formation à l’esprit critique où le souci de respect des cultures et des opinions ne conduirait pas à l’esquive ou au renoncement à la rigueur. C’est souvent par un dévoiement des notions de théorie et de « fait » que le doute s’installe dans l’esprit des moins scientifiques ; il est donc essentiel de bien faire comprendre le sens des théories scientifiques et donc la nature même de l’activité scientifique.

Parfois des articles parus dans des revues scientifiques révèlent que des chercheurs reconnus mettent à leur insu dans leurs publications, tantôt du finalisme tantôt un Homo sapiens qui serait au sommet d’une échelle des êtres, espèce élue ! Comme si l’apport de Darwin n’était pas encore complètement assimilé.

Enfin, nous plaçant sur une échelle de temps peu familière, l’idée d’évolution est difficile en elle-même : la métaphore de la parenté sème peut-être de la confusion dans les phylogénies, etc. Bref, l’enseignement de l’évolution est semé d’embûches.

Cet ouvrage collectif analyse la réalité de cet enseignement aujourd’hui, la nature des obstacles didactiques ou socioculturels, rappelle l’apport de la cladistique... afin d’aider les professeurs dans leur tâche ou les étudiants à mieux assimiler la biologie contemporaine.

Bref extrait de la postface de Jean Gayon :

C’est dire l’actualité de la passionnante collection de textes rassemblée par Maryline Coquidé et Stéphane Tirard. C’est en fait tout le volume qu’il faut louer. Jamais sans doute la question de l’enseignement de l’évolution en France n’aura été traitée avec autant de soin dans toutes ses dimensions : programmes d’enseignement (en prenant en compte tous les niveaux de scolarité), difficultés cognitives, conceptuelles, culturelles et pédagogiques de l’enseignement de l’évolution, prise en compte de l’état actuel de la biologie de l’évolution, et questions de société qui ne manquent pas de se poser (importance des contextes nationaux, de la question religieuse, et de l’engagement collectif des enseignants, y compris au niveau syndical). À tous ces égards, le livre est remarquablement documenté, et exemplairement animé par une réflexion critique qui donne le change en comparaison avec la langue de bois trop souvent utilisée dans les déclarations publiques horrifiées sur le sujet, indûment obsédées par la crainte d’une invasion idéologique du créationnisme (dans le genre « Mais comment est-ce possible ? », « Comment a-t-on pu en arriver là ? »). Les auteurs qui ont contribué à ce livre profond et rigoureux sont des praticiens de l’enseignement de l’évolution. Ils donnent un état des lieux, non un état des craintes. Ils parlent de l’enseignement de l’évolution, pas du créationnisme (ou s’ils le font, c’est en ramenant la question sur le terrain didactique et pédagogique). En examinant l’enseignement de l’évolution avec précision sous tous les aspects auxquels ils sont confrontés en pratique, les auteurs renouvellent un débat trop dominé par ce qu’on pourrait appeler la croisade anti-créationniste. Au reste, la dimension de l’enseignement a toujours été un problème capital dans l’histoire de la biologie de l’évolution. Ce n’est sans doute pas tout à fait par hasard que Maryline Coquidé et Stéphane Tirard ont placé en tête du livre, dès la première ligne de leur introduction, le fameux adage de Theodosius Dobzhansky : « Rien en biologie n’a de sens, si ce n’est à la lumière de l’évolution ». On peut rappeler, pour mémoire, que c’est dans une conférence prononcée devant l’association américaine des professeurs de biologie de l’enseignement secondaire que Dobzhansky, deux ans avant sa mort, a inventé cette formule.

On lira l’intégralité de ce texte dans le pdf joint.

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