Claude Chastel

Virus émergents - Vers de nouvelles pandémies ?

Vers de nouvelles pandémies ?

Publié le 13 mai 2020

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- Dr de collection : Jean Rosmorduc

L’auteur traite des maladies émergentes virales, concernant l’homme mais pour la plupart d’origine animale, survenues au cours de la deuxième moitié du XXe siècle et qui continuent à apparaître en ce début de XXIe siècle. Ces viroses "nouvelles" peuvent survenir inopinément, envahir certaines régions du monde où elles étaient encore inconnues et parfois s’y implanter de façon définitive. La plus redoutable de ces émergences fut celle du sida, au début des années 1980. En moins de 25 ans, elle entraîna 20 millions de décès et, actuellement, plus de 42 millions de personnes sont infectées dans le monde. De plus, cette pandémie ne montre aucune tendance à régresser. L’hépatite C infecte 175 millions de personnes. Par ailleurs, au cours des 20 dernières années les épidémies de fièvre hémorragique dues aux virus Ebola et Marburg se sont multipliées en Afrique Centrale. Enfin, alors que la planète subissait, en 2003, avec le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), sa première pandémie du XXIe siècle, provoquant la mort de 916 personnes dans le monde, nous sommes toujours sous la menace d’une pandémie grippale, d’origine aviaire, avec le virus H5N1 qui ne cesse d’étendre son aire de diffusion géographique, tuant directement de nombreux éleveurs de volailles en Indonésie, au Vietnam et en Turquie, tout en menaçant l’Europe et l’Afrique tropicale. Or, face à ces menaces nous ne disposons encore que de peu de moyens généralement pas de vaccin, très peu d’anti-viraux efficaces et des mesures sanitaires, nationales et internationales, risquant d’être rapidement dépassées.

Les émergences virales chez l’homme ne sont pas des phénomènes nouveaux ; l’humanité en a déjà connu beaucoup, depuis les « pestes » de l’Antiquité grecque. Plus près de nous, les activités humaines (agriculture, commerce, navigation au long cours, guerres, colonisation) ont favorisé l’émergence de la fièvre jaune dans le Nouveau monde, au cours du XVIe siècle, et de la dengue dans toutes les régions tropicales du monde, au XVIIIe siècle. La poliomyélite a émergé brutalement, sous forme épidémique, au début de l’ère industrielle, tant en Europe qu’en Amérique du nord. La variole et la rougeole ont été largement diffusées vers les Amériques, lors de la traite des noirs, frappant des populations amérindiennes immunologiquement vierges, précipitant le déclin des civilisations précolombiennes. Ce qui est entièrement nouveau et très préoccupant, c’est l’accélération du phénomène, en particulier au cours des années 1950-1970, et depuis. Ainsi ont émergé des fièvres hémorragiques virales en Afrique et en Amérique, puis le sida (1981). De nouvelles pandémies sont apparues comme la grippe aviaire H5N1 (Hongkong, 1997) ou le SRAS (Chine du sud, 2002). Parmi les multiples facteurs qui interviennent dans l’émergence ou la réémergence de ces maladies virales, l’homme est le principal responsable. Depuis le Néolithique, il s’est approprié la planète, modifiant ou détruisant beaucoup d’écosystèmes, en façonnant d’autres entièrement artificiels. Six milliards sur terre : une aubaine pour des virus entreprenants !

Ce livre est avant tout un ouvrage de réflexion. C’est un retour en arrière historique sur ce que l’on peut retenir des multiples épisodes d’émergences et réémergences virales apparues chez l’homme, dans la deuxième moitié du XXe siècle et qui se poursuivent en ce début du XXIe siècle.

[...], l’histoire de la virologie peut apprendre beaucoup de choses sur les causes et les conséquences de ces phénomènes épidémiologistes, ainsi que sur les comportements humains face à de tels évènements.
Les émergences virales chez l’homme, ne sont pas des phénomènes nouveaux ; l’humanité en a déjà connues beaucoup, depuis les « pestes » de l’Antiquité grecque. Plus près de nous, les activités humaines (agriculture, commerce, navigation au long cours, guerres, colonisation) ont favorisé l’émergence de la fièvre jaune dans le Nouveau Monde, au XVIe siècle, et de la dengue dans toutes les régions tropicales de la planète, au XVIIIe siècle. La poliomyélite a émergé brutalement au début de l’ère industrielle, tant en Europe qu’en Amérique du Nord. Quant à la variole, c’est un des plus anciens fléaux de l’humanité et il a fallu attendre la fin des années 1970 pour aboutir à son éradication planétaire.

Ce qui est nouveau et très préoccupant, c’est l’accélération du phénomène, en particulier au cours des années 1950-1970, et qui se poursuit actuellement.

De multiples facteurs, souvent intriqués, interviennent dans l’émergence ou la réémergence des maladies virales chez l’homme, mais c’est l’homme lui-même qui en est le principal responsable. Depuis le Néolithique, il s’est approprié la planète, modifiant ou détruisant beaucoup d’écosystèmes, en façonnant d’autres entièrement artificiels, faisant disparaître de nombreuses espèces animales ou végétales, polluant l’environnement en y accumulant ses déchets, tout en se multipliant de façon inconsidérée : nous sommes déjà plus de six milliards sur Terre, bientôt neuf milliards. Quelle aubaine pour des virus un peu entreprenants !
À coté de ces facteurs anthropiques, les perturbations du climat, comme le réchauffement planétaire et les conséquences d’El Niño, apparaissent pour le moment, au second plan dans la genèse des émergences virales, à part peut-être celles qui sont transmises par des arthropodes hématophages comme la dengue, la fièvre de la vallée du Rift, les encéphalites saisonnières ou la fièvre à virus Chikungunya.

La prétendue barrière d’espèce, sensée nous protéger des virus issus du monde animal, domestique ou sauvage, apparaît de plus en plus comme un concept totalement dépassé, ne pouvant en tout cas s’appliquer à nombre de zoonoses. Les virus Nipah et Hendra, venus des chauves-souris, nous ont atteints à travers les porcs et les chevaux. Le virus du Sras probablement entretenu également, dans la nature, par d’autres chauves-souris a emprunté des civettes de l’Himalaya, cuisinées, puis consommées par des gourmets du Sud de la Chine pour les infecter. Le virus grippal A H5N1, en l’absence de toute recombinaison génétique, tue de plus en plus de personnes, par simple contact avec de la volaille infectée, de la Chine à la Turquie orientale. Il a aussi réussi à infecter des chiens et des chats domestiques, ainsi que de grands félins en zoos.

Les rétrovirus des singes (SIV, STLV) ont depuis longtemps franchi cette barrière et sont à l’origine du Sida et des infections humaines à HTLV. Les virus Lassa, Marburg, Ébola, Guanarito et Sin Nombre proviennent tous d’animaux sauvages : rongeurs, singes, chauves-souris.

Quant aux moyens de lutte dont nous disposons pour nous protéger de ces émergences et réémergences, ils apparaissent plutôt limités : [...]
Les virus représentent bien pour l’humanité une menace permanente que nous ne savons qu’imparfaitement contrôler, quand nous ne faisons pas preuve d’une totale irresponsabilité.

 Cet ouvrage a reçu le prix Camille Guérin décerné par l’Académie Vétérinaire de France, pour 2007-2008
Le Prix Camille Guérin récompense des travaux sur les anthropozoonoses.
Camille Guérin (I872-1961) fut Directeur de l’Institut Pasteur de Lille. Ses recherches, associées à celles d’Albert Calmette, aboutirent à la production du vaccin BCG contre la tuberculose. Ce Prix a été décerné à Claude Chastel, pour Virus émergents - vers de nouvelles pandémies ?, lors de la séance solennelle de l’Académie vétérinaire de France, le 4 décembre 2008.

 Virologie, n°11, 2007, (Institut Pasteur) :

"Au sein de la commnunauté virologique francophone, Claude Chastel a la réputation d’un sage et elle n’est pas usurpée. Sage parce qu’il connaît bien son sujet de prédilection, fruit d’une longue expérience de virologiste médical [...]. Sage parce qu’il sait tempérer les opinions péremptoires des uns et des autres, quite à tordre le cou à quelques idées reçues. [...] n’hésite pas à remettre les pendules à l’heure vis-à-vis de ce domaine très tendance : ses collègues virologistes qui parfois galvaudent la notion d’émergence ; les consommateurs qui soutiennent le commerce irraisonné et souvent illicite des nouveaux animaux de compagnie ; les gouvernants qui prennent des décisions écologiques ou sanitaires irresponsables ; les médias qui cèdent trop facilement aux modes et sont capables de promouvoir les rumeurs les plus infondées. Ce livre, bien actualisé [...] rappelle justement l’ancienneté de la survenue des émergences mais insiste aussi sur leur accélération actuelle, très préoccupante. [...]"

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