Jean-louis Malandain

Un ordinateur pour faciliter le voisinage de la parole et de l’écriture

Publié le 3 mars 2006

Approches didactiques et perfectionnement linguistique en recherchant l’efficacité de la démarche plutôt que la sophistication du matériel.

Avec quasiment rien...

Avec deux outils fournis parmi les accessoires de Windows - le bloc-notes et le magnétophone -, il est possible de réaliser des séquences prenant appui sur les relations entre la parole et l’écriture (des outils tout aussi simples et efficaces sont disponibles dans les distributions de Linux). Par défaut, ces logiciels sont accessibles dans [démarrer] [programmes] [accessoires], pour le bloc-notes puis même chose et [divertissement] pour le magnétophone.

Ainsi, à partir d’un bref récit enregistré par un adolescent ou un adulte pas très à l’aise pour prendre la parole, l’enseignant fait la transcription sans oublier hésitations (euh !), redites et autres caractéristiques de l’oral spontané. Il fait réécouter l’enregistrement à l’intéressé en lui montrant ce qu’il a dit : "Ce que tu as dit, c’est écrit là !" Il est facile de positionner le magnétophone près du bloc-notes qui peut être déplacé et redimensionné. En passant d’une fenêtre à l’autre sur l’écran, l’utilisateur peut parcourir alternativement le document sonore (répéter certains passages grâce au curseur et au repérage en secondes) et le texte (avec l’ascenseur, c’est à dire les flèches vers le haut et le bas) pour observer un passage particulier, vérifier un détail, modifier le texte ou corriger une maladresse.

Une application simple consiste à améliorer l’élocution en "corrigeant" la transcription (bon, ben, euh, etc.) avant de l’utiliser pour guider un nouvel enregistrement. Si le récit est désordonné, on peut rétablir une chronologie par des couper - coller avant de réenregistrer. Parfois, il est intéressant de réfléchir aux quelques transformations nécessaires pour qu’une prise de parole déjà bien contrôlée devienne un texte écrit.

Ces mêmes procédés de voisinage oral - écrit peuvent évidemment rendre de grands services dans l’apprentissage d’une langue étrangère quand on aborde des documents un peu difficiles comme écouter une prise de parole très spontanée en observant la transcription, à la façon d’un sous-titrage. L’inverse est tout aussi vrai : accompagner la découverte d’un texte par son audition simultanée.

Avec presque rien...

On peut ajouter à l’équipement de base quelques petits didacticiels en libre diffusion pour des travaux éducatifs non commerciaux. Deux exemples :
 Aleamo présente en désordre (phrase par phrase) les mots d’un texte quelconque. Il suffit donc que l’enseignant ait préparé texte et enregistrement pour faire écouter et demander la remise en ordre des mots en les tapant sans pouvoir se tromper, un peu comme une auto-dictée.
 Scopitex affiche n’importe quel texte selon des modalités très diverses. En particulier, la fonction de prompteur [sous-titrage] permet de guider la diction d’un texte ou d’une transcription améliorée (travail sur la fluidité de l’élocution) ; la fonction de masquage de certains mots (selon leur longueur ou leur fréquence) ou de tous les mots [pour les deviner] permet la dictée.

Avec un peu plus...

D’autres pistes peuvent être explorées dans le domaine des "industries de la langue", en particulier à partir de démonstrations utilisables sans avoir à acheter les logiciels professionnels.

Ainsi, on peut obtenir la restitution vocale d’un document écrit de quelques lignes chez Elan.fr : ou sur. Faire lire à haute voix par un ordinateur un texte qu’on a écrit implique un soin particulier concernant graphie et ponctuation afin d’obtenir des intonations naturelles. A contrario, on pourra juger de l’effet produit en proposant au logiciel de restitution sonore la transcription d’un énoncé oral très spontané. Au besoin, on enregistrera cette production sonore pour l’écouter à loisir. D’autres modalités sont motivantes comme la restitution d’une même transcription par des voix différentes (garçon, fille), la déclamation de poèmes ou la production d’une saynète à plusieurs voix.

Apparemment, les sites concernant la dictée ne font pas de démonstration en ligne. C’est dommage car la démarche didactique est intéressante. Se faire comprendre par un ordinateur qui écrit vos paroles suppose qu’on ait mis de l’ordre dans son esprit et qu’on maîtrise bien le rythme de son élocution en conciliant la spontanéité et la clarté.

Pour conclure

Grâce aux ressources de l’informatique, le ressort essentiel ici est la prise en charge temporaire par l’enseignant de tâches trop rebutantes pour que l’utilisateur, trop loin de la performance attendue, s’y engage spontanément. La transcription assurée par le maître permet un travail sur la fluidité de la parole ou de l’écriture en mettant de côté le problème de l’orthographe. Il en va de même pour la vocalisation des textes quand la lecture à haute voix est une épreuve et non un plaisir. Une fois sur la voie et conscient de faire des progrès, l’élève prendra plus volontiers la parole et la plume.

Pour aller plus loin
 Le texte ci-dessus est extrait d’un article publié par l’EPI : http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a0510c.htm. - L’auteur propose quelques outils simples (collection Also, Activités Langagières Sur Ordinateur) et la bourse d’échanges de l’EPI (ou ses liens) permet de télécharger de nombreux logiciels, souvent produits par des enseignants, et souvent gratuits.
 Pour la reconnaissance de la parole, on peut voir Dragon, ou ViaVoice chez IBM.

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