Isabelle Gautier et Georges Ortusi

Le TNI, tableau numérique interactif

Un nouvel outil au service de la pédagogie

Publié le 1er octobre 2009
fabienne.miniatures.com

Volontairement ou faute de choix, nous n’avons toujours pas abandonné la craie et son tableau noir, cependant se sont installés depuis longtemps des tableaux « blancs », simples supports pour une écriture moins poussiéreuse ou/et supports de rétro et vidéo-projections. Parfois sous la pression des enseignants, souvent de leur propre initiative, les collectivités locales installent de nouveaux « tableaux blancs », interactifs cette fois. Qu’apportent-ils ? Vont-ils s’ajouter aux outils antérieurs ? Ou les remplacer et faire disparaître (enfin ?) le tableau noir ? À vous de voir !

Sur cette page :

| Un TNI, que’est-ce que c’est ? | Un exemple d’utilisation, en SES |
À chaque discipline ses applications | Pour en savoir plus |
Inétrêt et ... limites ! |

size="2">Un tableau blanc numérique interactif (TNI ou TBI),
qu’est-ce que c’est ?
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Vous connaissez les ordinateurs couplés à des vidéo-projecteurs – pour projeter un film ou une image depuis l’ordinateur vers un écran – et les tableaux blancs classiques, sur lesquels nous écrivons avec des feutres effaçables. Le tableau blanc interactif permet de relier tout ceci (avec des fils ou des ondes). Lorsque vous lancez un programme sur l’ordinateur, il est projeté sur le TNI, et, miracle ! Si vous écrivez sur le tableau, vous pouvez enregistrer sur l’ordinateur. Vous pouvez même, avec le stylo numérique, contrôler totalement l’ordinateur depuis le TNI, donc debout devant la classe (ou le faire faire par un élève envoyé au tableau).

Quel est l’intérêt pédagogique d’un tel outil ?

Vous faites avec un TNI tout ce que vous avez l’habitude de faire avec un tableau normal et avec un vidéo-projecteur, et beaucoup plus, avec la possibilité de rendre visible et collectif le travail à effectuer. En géographie, vous pourrez par exemple faire remplir par des élèves une carte sur le tableau numérique. Dans toutes les disciplines, un texte ou un document statistique, sera souligné, annoté, les raisonnements seront mis en évidence avec des flèches.

L’interactivité va vous permettre d’enregistrer le tableau obtenu (le document d’origine et ce qui a été écrit à l’aide d’un stylo spécial), soit pour en faire un polycopié de correction pour l’ensemble des élèves ou pour ceux qui étaient absents (et les endormis !), soit pour le mettre en ligne dans l’espace numérique de travail (ENT) de la classe, soit, tout simplement, pour vous rappeler ce que vous avez fait avec cette classe. Un logiciel (OCR) permet de numériser les textes écrits avec le stylo.

Vous pouvez aussi faire en classe les exercices interactifs qui existent sur le web : déplacer des étiquettes, faire des QCM, faire des simulations d’expérience. L’enseignant fait la démonstration ou fait faire l’exercice par un élève. Si la salle est connectée à Internet, il est possible de montrer les pages souhaitées directement, sinon il faut les enregistrer (clef USB...).

Dans une salle équipée d’ordinateurs (même anciens) en réseau, il est facile d’exploiter sur l’ordinateur relié au TNI des travaux d’élèves, etc.

La dépense est-elle réaliste ?

Les prix du tableau – seul – vont de 1200 à 4000 euros, mais les régions équipent les lycées en dehors des crédits d’enseignement, sur demande des établissements. Les collectivités locales concernées équipent parfois collèges ou écoles et il y a même un programme national visant le premier degré (voir Educnet).

I.G. & G.O.


Un exemple d’utilisation, en lycée, en Sciences Économiques et Sociales}

Nous avons demandé à Isabelle, professeure de SES au lycée Christophe Colomb de Sucy-en-Brie, de nous faire part de son expérience.

L’usage d’un TNI dépend de la pédagogie que vous voulez mettre en œuvre. Il n’oblige nullement à en changer. Je ne peux décrire que ma pratique personnelle, ce n’est pas un modèle.

En Seconde,

après avoir présenté la question qui sera traitée dans l’heure, chaque document est visualisé et étudié au TNI : dans un texte, les définitions du vocabulaire inconnu sont écrites à gauche du texte (consigne arbitraire !), les idées soulignées, les mots de liaison entourés, les compléments écrits à droite du texte. La conclusion sera notée dans le cahier des élèves après discussion. Pour un document statistique, un élève va au tableau pour entourer les éléments permettant de comprendre les données statistiques, faire des phrases de lecture et conclure.

En Terminale,

les activités informatiques sont plus variées pour concilier l’étude des documents et la nécessité d’un contenu écrit plus développé. Il y a alternance de travail sur documents et prise de notes. Pendant celle-ci, je demande à deux élèves désignés « secrétaires » pour la séance de taper le « cours » dans un traitement de texte. Les documents annotés et le cours saisi sont ensuite mis en ligne sur l’espace numérique de travail de la classe.

Par exemple, pour étudier le développement en début de Terminale, je présente une vidéo du site TV sur Nanterre. La courte durée (13 minutes) donne le temps de discuter et noter sur le tableau numérique les éléments qui ont changé pour arriver à une définition du développement.

L’instrument de mesure du développement, l’IDH (Indicateur de Développement Humain) est ensuite présenté. Pour bien comprendre la construction d’un indice composé, des élèves sont envoyés au TNI pour simuler les effets des variations des coefficients (exercice existant sur le web).

L’évolution du développement est ensuite étudiée (comme précédemment en Seconde) avec un document statistique du manuel affiché sur le tableau numérique (l’éditeur propose en téléchargement libre le manuel au format PDF).

La fin de la séance de deux heures est consacrée au débat : « la croissance s’accompagne-t-elle toujours du développement ? ». Les élèves ont eu des documents à étudier, leurs idées sont notées et classées à l’aide de l’ordinateur dans le traitement de texte (un autre choix serait de les faire écrire sur le tableau numérique). Les documents peuvent être visualisés si un élément semble mal compris ou oublié : ils sont alors soulignés, entourés, annotés au TBI. L’étude d’un texte difficile est particulièrement efficace au TNI, mais il doit être divisé, s’il est long, pour être lisible sur un seul écran.

Le travail sera complété en travaux dirigés en salle informatique par l’étude de corrélations entre les niveaux de vie et de développement de différents pays, avec un tableur.

Quel bilan faites-vous de l’utilisation du TNI ? Nouveau gadget ou réelle utilité ?

Le TNI n’étant pas encore très utilisé, il peut apparaître comme un gadget très sympathique aux élèves. Je pense qu’il est surtout d’une grande efficacité pour l’acquisition des méthodes : avec un public « ordinaire » (je ne parle pas des classes d’élite), c’est par la répétition visualisée que les élèves peuvent comprendre comment utiliser un texte ou un document.


À chaque discipline ses applications}

On peut trouver (revues des associations disciplinaires, Internet) de nombreux témoignages de collègues et ainsi repérer des usages auxquels on n’aurait peut être pas pensé seul. La revue Médialog a notamment fait paraître :

Une séquence en éducation musicale, associant divers outils : image, son, texte. Par exemple, les élèves, ensemble, accompagnent un groupe vocal en liaison avec les partitions d’instruments Une professeure propose à ses élèves de collège des activités mixant l’écoute et l’écriture. Au tableau, ils agissent sur les objets sonores de multiples façons, dans une interaction favorisant la réflexion et la participation active de tous. Voir « Au tableau, la main guide l’oeil qui entend », V. Soulier, Médialog, n°70, 06-09.

– Un collègue de lettres, en collège, associe les ressources du réseau et celles du TNI pour corriger des devoirs numériques. Il en profite pour travailler, outre la langue, des compétences du B2i. Voir « Pinocchio passe au tableau », J-M Bourguignon, Médialog n°67, 09-08.

En mathématiques (Troisième), le collègue réutilise pour la trigonométrie ses préparations antérieures (transparents, animations pour vidéo-projection...) en profitant également des spécificités du TNI : rapporteur, étiquettes mobiles... Voir « Pythagore se mesure au tableau », C. Michau, Médialog n°67, 09-08.

En histoire (Sixième), vidéos, textes, images, cartes... font du TNI un tableau de bord de la séance et le support de l’élaboration collective de la synthèse. Voir « Le tableau trace la route des Hébreux », M. Desmares, Médialog n°67, 09-08.

Médialog est disponible dans de nombreux CDI et les archives sont en ligne (actuellement jusqu’au n°66).

 D’autres liens pour utiliser le TBI :

–* en mathématiques, sur le site de Sésamaths (association connue pour être à l’origine de manuels collaboratifs en licence libre) ;

–* en anglais, sur le site académique d’Orléans-Tours ;

–* en SES, sur le site du ministère.


Pour en savoir plus}

– Au CRDP de Montpellier, un dossier aborde aspects pédagogiques généraux et disciplinaires, aspects pratiques, logiciels, aide au choix, fabricants, actualité du TBI, etc. :

– Sur Educnet, des entrées disciplinaires avec des liens vers les pratiques développées dans les académies (n’est pas orienté exclusivement vers le TNI).


Des avantages ? Et des limites !}

Certes des qualités :

– manipulation des outils informatiques très visuelle car réalisée directement sur le tableau ;

– y compris, au besoin par les élèves ;

– c’est ludique pour les élèves, point positif s’il en est !

– enregistrement du travail réalisé par un élève au tableau.

Mais cela suffit-il à justifier l’achat ?

– En effet le coût restant élevé, l’installation d’un unique TNI dans un établissement sous équipé en vidéo-projecteurs est discutable ;

– Sa mise en place peut s’avérer problématique dans une architecture inadaptée (cf. place du tableau noir, de la lumière solaire...) ;

– le TNI mobile est difficile à gérer, déplacer, (re)calibrer ;

– comme le vidéo-projecteur, si on entre dans cette logique de construction des séances, il devient vite indispensable, et ainsi la présence d’un seul TNI réserve de fait son utilisation à l’enseignant qui en dispose dans « sa » classe.

Xavier Hill et Jean-François Clair


Image de vitrine tirée de fabienne.miniatures.com, reproduite avec l’aimable autorisation de Fabienne M. 

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