Sous la direction de Sylvie Nony et Alain Sarrieau

L’exercice de la pluralité des mondes

Caractèristiques de l'ouvrage :

ISBN :

978-2-35656-060-5

Nombre de pages :

190 pages

Date de l'édition précedente :

2017

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Publié le 6 décembre 2017

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Sous la direction de Sylvie Nony et Alain Sarrieau, préface de Michel Blay,
avec les contributions de Jacques Arnould, Claire Bouyre, Jonathan Braine, Violaine Giacomotto-Charra, Julien Grain, Vincent Jullien, Gauvain Leconte, Charles Malamoud, Sylvie Nony, Jacques Rancière, Alain Sarrieau, Franck Selsis, Philippe Soulier, Jean-Jacques Wunenburger.

Présentation générale de l’ouvrage

Couverture

Le projet de cet ouvrage est né au lendemain d’un colloque intitulé « Histoire des Représentations du Monde », qui a eu lieu à Bordeaux, en octobre 2012. Plusieurs intervenants ont accepté de rédiger leur contribution ; d’autres auteurs ont été sollicités pour rejoindre le projet.
Les études rassemblées ici impliquent des disciplines variées : philosophie, histoire des sciences, histoire de la littérature, cosmologie, théologie, astrophysique. Elles sont organisées en quatre parties qui concernent chacune, sensiblement, une période historique, auxquelles s’ajoute un épilogue qui concerne une civilisation non européenne. Pour autant, cet ouvrage ne prétend nullement à l’exhaustivité historique et encore moins géographique.
Nous avons souhaité montrer à la fois la permanence d’une interrogation aussi vieille que le monde et la diversité des réponses que les hommes ont élaborées à propos de cet Univers dans lequel ils vivent. Comment se le représentent-ils ? Quelles en sont les limites ? Est-il unique ? Si l’affirmation de l’infini et de la pluralité des mondes par Giordano Bruno est relativement connue aujourd’hui, on ne prend pas toujours la mesure des conceptions qu’une telle affirmation bouleverse, ni des audaces dont il a fallu faire preuve pour concevoir cette pluralité. Le croisement des approches disciplinaires permet d’en entrevoir les nombreuses ramifications.
Sylvie Nony, Alain Sarrieau

Première partie
La question de la pluralité ou de l’unicité du (des) monde(s) met en jeu, à travers les représentations qu’elle convoque, les mythes et l’imaginaire. Comment interfèrent ceux-ci avec les idées philosophiques et les savoirs en sciences de la nature ? Quelle est l’influence de la culture et des religions sur les constructions rationnelles ?
Les études qui suivent décrivent les représentations qui se sont développées depuis l’Antiquité, autour du bassin méditerranéen. L’unicité du Monde, qui est la conception hégémonique, est tributaire des cosmogonies qui se sont élaborées. La Terre est le centre, unique vers lequel tombent tous les corps graves, alors que les corps légers comme le feu s’élèvent vers l’orbe de la Lune. Cette dernière, ainsi que le Soleil et les différents astres tournent autour de ce centre d’un mouvement circulaire et éternel, justifiant que la substance du monde supralunaire soit « hors nature ». La sphère des étoiles fixes clôt cette construction au-delà de laquelle il n’y a « ni lieu, ni vide, ni temps ».
Face à cette conception aristotélicienne d’un monde plein et fini, d’autres thèses affirment l’existence d’un vide infini, rempli d’une infinité de corps. Philippe Soulier nous plonge dans cette querelle antique du vide qui a agité les Grecs atomistes, stoïciens et aristotéliciens. Sylvie Nony nous immerge à son tour dans les développements de cette controverse associée à celle sur l’infini, dans le monde musulman, à l’époque médiévale. Jacques Arnould nous montre ensuite comment la théologie chrétienne dans le monde latin a articulé ce débat avec celui sur la révélation.
En introduction de cette première partie, Jean-Jacques Wunenburger nous propose de démêler la place du mythe de celle de la science afin de comprendre le sens des représentations, le sens de ce qu’il nomme les imaginaires préscientifiques.

Deuxième partie
Nous abordons dans cette deuxième partie la période charnière – entre le xvie et xviie siècles – pendant laquelle, en Occident, les anciennes représentations du Monde sont fortement ébranlées sans que de nouvelles représentations ne soient encore bien structurées. Les élaborations théoriques qui se font alors « n’attendent pas » l’achèvement de cette révolution comme un devenir inéluctable mais au contraire explorent une diversité d’options insoupçonnée. Ces constructions sont loin de se réduire au changement de « centre » du Monde.
Vincent Jullien évoque ces quelques décennies de la fin du xvie et du début du xviie siècle où l’on sait que les astres ne sont pas portés par des sphères matérielles mais où l’on ignore encore les causes de leur mouvement. Violaine Giacomotto-Charra quant à elle nous montre les multiples visages d’une astronomie en pleine mutation à l’époque de la Renaissance et dont les développements ne sont ni linéaires, ni nécessairement cohérents.

Troisième partie
À partir du xviie siècle, de nombreux érudits vont s’emparer de la perspective ouverte dans ce moment de transition entre le Monde clos et fini et celui qui affirme la pluralité possible des mondes. De nombreuses questions restent ouvertes (aujourd’hui encore) : l’espace est-il infini avec un nombre fini de corps, ou infini ? Y a-t-il autant de mondes que d’étoiles ? Ces mondes sont-ils habités ?
Les Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle, le Micromegas de Voltaire, ou encore Les États et Empires de la Lune/du Soleil de Cyrano de Bergerac sont très connus mais de nombreux autres hommes de lettres, philosophes, théologiens, ont pris la plume pour imaginer ces mondes, les anticiper, ou bien théoriser leur existence en prenant plus ou moins leurs aises avec la science qui s’élabore.
Alain Sarrieau nous présente ici ce mouvement très riche et encore mal connu. Claire Bouyre nous expose en détail les conceptions de Pierre Borel, un médecin du xviie siècle représentatif de cette transition entre deux conceptions de l’Univers. Enfin Jacques Rancière nous a autorisés à reproduire une partie de la préface qu’il a écrite à l’édition d’un texte du xixe siècle. L’auteur de ce texte surprenant à bien des égards est Auguste Blanqui, bien davantage connu pour ses écrits politiques que pour ses méditations sur l’éternité des astres et la multiplicité des mondes.

Quatrième partie
L’Univers s’est considérablement agrandi entre la fin du xixe siècle et le début du xxe. Pour autant, notre représentation du Monde ne s’est pas stabilisée. Le modèle cosmologique stationnaire qui prévalait encore au début du xxe siècle a été invalidé par de grandes découvertes scientifiques : relativité générale, découverte du rayonnement diffus, de l’expansion de l’Univers. Peu à peu le modèle inflationnaire s’est affirmé au point qu’il s’appelle encore aujourd’hui « modèle standard ». Mais ce modèle est aveugle, nous le savons aujourd’hui, sur plus de 80 % de la matière présente dans l’Univers.
Jonathan Braine nous expose les enjeux de ces différents modèles ainsi que les questions qui se posent aux astrophysiciens et cosmologistes actuels. Julien Grain et Gauvain Leconte nous expliquent comment on peut prédire aujourd’hui le multivers et quel est le statut de cette théorie. Enfin Franck Selsis nous raconte la formidable aventure de la découverte des exoplanètes, ces mondes pluriels si longtemps imaginés et qui sont, aujourd’hui, à portée de nos instruments de détection.

Épilogue
Si l’originalité de cet ouvrage réside dans la diversité des approches disciplinaires et dans une amplitude temporelle très large, les contributions qu’il contient reposent majoritairement sur une ontologie commune, celle que l’anthropologue Philippe Descola qualifie de « naturalisme ». Les cosmologies de la science moderne sont fondées sur une séparation très nette entre l’ordre social et celui de la nature et, si le darwinisme nous a permis de penser l’homme au sein de la nature, nous concevons, dans nos sociétés occidentales, une séparation très nette entre notre intériorité et celle des « non-humains ».
Nous avons souhaité achever cet ouvrage en relativisant ce rapport à la nature, cette épistémologie particulière qui irrigue la plupart des domaines impliqués ici. C’est pourquoi nous avons sollicité Charles Malamoud pour évoquer le Monde tel qu’on le voyait dans l’Inde ancienne et tel que nous le révèlent les textes sanskrits anciens.

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