Alain Prevot et Jean-Claude Lévy, coord.

Enseigner l’environnement

Actes du colloque organisé par le Snes

Publié le 1996

ISBN 2-909680-06-1

Actes du colloque national des 15 et 16 janvier 1993, organisé par le SNES,en collaboration avec le SNCS, le SNESUP, le SNETAP, le SNEP, le SNUIPP.

Histoire et scientificité
du concept d’environnement, apport de la pensée systémique et de la didactique,
nombreux exemples de travaux interdisciplinaires et d’expériences concrètes.

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Les présents Actes suivent le déroulement du Colloque

Introduction

Par Monique Vuaillat, secrétaire générale du Snes

L’ENVIRONNEMENT, OBJET DE SCIENCE(S) ?

 Intervention : Histoire du concept d’environnement, par Dominique Lecourt, Philosophe

 Première Table ronde : l’environnement est-il objet de science(s) ?

QUELS ENSEIGNEMENTS ?

Interventions
 Quel partenariat ? Nardo Vicente, Institut océanobiologique Paul Ricard
 Quels ancrages disciplinaires ? Une éducation à l’environnement en acte par Jacques Millot, E.n.f.a. de Toulouse-Auzeville
 S’entendre ? Par Nicolas Frize, compositeur

COMMISSIONS

 Education relative à l’environnement et disciplines scolaires
 Quelles formations actuellement ? Pour les professionnels de l’environnement, dans l’enseignement agricole, dans les entreprises.
 Sortir du cadre horaire voire de l’institution, avec les "partenaires", dans les P.a.e., dans les activités pluridisciplinaires.
 Construire un projet de formation

DE LA FORMATION DES ENSEIGNANTS A L’EDUCATION DES CITOYENS

REPENSER L’ENSEIGNEMENT...

Interventions :
 Les problèmes d’environnement : penser en termes de systémes, par Patrick Blandin, écologue
 L’apport de la didactique par Guy Rumelhard, directeur de recherches en didactique de la biologie

Table ronde :
 Enseigner l’environnement : quels savoirs ? quels objectifs ?

POUR L’EDUCATION DES CITOYENS

Intervention :
 De l’acquisition des savoirs à l’évolution des comportements par Me Feertchak, chercheur en psychologie sociale

Tables rondes :
 Former les enseignants pour former les citoyens
 Former les citoyens

Allocution de clôture

Denis Paget, secrétaire national du Snes

ANNEXES

 Textes officiels
 Index des sigles utilisés
 A propos de I’appel d’Heidelberg
 Bibliographie


Présentation du colloque}

Circulaire de 1977,... protocoles de 1983, du 14/01/1993 : de texte ministériel en
texte ministériel, formation/éducation/enseignement relatifs à l’environnement restent
marginaux, soumis au bénévolat d’enseignants et d’associatifs. Cependant, il faudra
bien que des solutions soient apportées aux grands problèmes d’environnement. Par
accumulation de contraintes imposées à des populations déresponsabilisées ? Nos
syndicats se doivent de redonner à l’école, obtenir pour l’école, les moyens de la
formation de citoyens capables d’opérer les choix qui décideront de l’avenir, et de
peser sur eux. La réflexion nécessaire nous pose des défis que nous ne relèverons
pas seuls, il nous faut donc la mener avec tous les partenaires et toutes les
compétences qu’impose un tel projet. La publication de ces actes a donc pour
ambition d’être une étape dans la construction d’un enseignement conscient de ses
objectifs, rigoureux dans ses méthodes et formateur pour tous les citoyens de
demain.

Alain Prevot, Snes.


Introduction}

Réfléchir ensemble, introduction de Monique Vuaillat,

secrétaire générale du S.n.e.s.

Ce n’est pas la première fois que nos syndicats organisent un colloque de réflexion,
largement ouvert, sur un thème qui touche directement aux contenus de
l’enseignement. Ce sont, en effet, des questions toujours difficiles que nul ne peut
traiter avec un seul point de vue, pas plus les organisations syndicales que le
Ministère. Nous avons toujours pensé que l’évolution des contenus suppose débats
et confrontations impliquant de nombreux partenaires, un peu à l’image de ce
colloque où se retrouvent des enseignants de tous niveaux, des chercheurs, des
représentants d’institutions, d’associations diverses, des syndicalistes. Au-delà
même de ce travail, il nous faut aussi entendre l’expression, souvent confuse et
contradictoire, de la société d’aujourd’hui.

Car nous sommes très attentifs aux évolutions des demandes et des besoins. Non
pas pour nous mouler sur eux et y adapter automatiquement l’école, car le système
éducatif a une logique propre qui doit être respectée. Mais pour les intégrer comme
des éléments d’évolution des formations que nous dispensons et des valeurs que
nous aidons à promouvoir.

Des problèmes nouveaux

Or il n’est pas possible d’ignorer les problèmes posés aujourd’hui par la relation de
l’homme à son environnement. Quand bien même le voudrait-on, il n’est pas une
journée sans que les médias ne nous transmettent les nouvelles inquiétantes d’une
dégradation du milieu dans lequel nous vivons, des risques que nous encourons. Il
n’est plus un jour sans que nous mesurions la fragilité et la vulnérabilité de la
planète, les problèmes et les défis posés par le développement des technologies et
de leurs scories, le renouvellement des ressources énergétiques, la préservation de
la diversité du vivant. A l’échelle du milieu local comme à l’échelle planétaire, dans
les zones à forte densité humaine comme dans les régions désertiques, nul
n’échappe aux effets de l’activité humaine sur l’environnement. Il serait dramatique
que le système éducatif ne développe pas un enseignement capable d’aider
progressivement les jeunes à comprendre que l’homme a franchi une étape décisive
dans son rapport a la planète et qu’il est plus que jamais en son pouvoir de
rechercher l’harmonie et l’équilibre ou d’aller à sa perte.

Ignorer cela, pour des organisations d’enseignants et de chercheurs, pour des
associations soucieuses de l’environnement, ce serait renoncer à tout devoir de
formation des nouvelles générations ; ce serait priver aussi les jeunes d’une forte
raison d’apprendre. Nous avons en effet l’obligation d’aider nos élèves, nos
étudiants, à dépasser les réactions spontanées et affectives qui amènent souvent les
plus jeunes d’entre eux à exprimer leur attachement à la nature. Nous devons aussi
leur apprendre les connaissances qui leur permettront au moins de mesurer les
risques et de rechercher une explication rationnelle des manifestations visibles ou
moins visibles de l’évolution planétaire, c’est l’éducation citoyenne commune ; nous
devons aussi, nous qui formons les futurs ingénieurs, les futurs chercheurs, ouvriers
et techniciens, leur donner une conscience accrue de leurs responsabilités, la
capacité de poser un problème d’environnement et de construire les choix les
meilleurs pour maîtriser les techniques actuelles et futures.

Le défi de I’interdisciplinarité

Nous avons donc voulu ce colloque, non pour sacrifier à une mode, mais par claire
conscience des enjeux de société. Cela pose des problèmes pédagogiques difficiles.
Notre système éducatif reste ferme et solide - quoiqu’en disent certains - sur ses
bases disciplinaires mais il est souvent faible dès lors qu’on essaie de féconder les
disciplines entre elles, dès qu’on éprouve la nécessité de confronter des savoirs
d’horizons différents, de jouer le jeu des complémentarités, des synergies, des
cohérences.

Or, l’enseignement de l’environnement est précisément un terrain privilégié des
mises en relation, car aucune des disciplines classiques ne peut prétendre à elle
seule faire le tour des problèmes. Il est difficile d’imaginer pour cela une discipline
nouvelle dans l’enseignement secondaire ou ce demander à un seul enseignant de
maîtriser toutes les approches.

Il nous faut donc réfléchir ensemble aux moyens de construire à l’école élémentaire,
au collège et au lycée, les connaissances et les attitudes d’esprit qui favoriseront la
réflexion et l’esprit de responsabilité nécessaires à la résolution des problèmes d
environnement dans toute leur complexité. Ce n’est pas une tâche facile. Cela
requiert un développement des formations spécialisées dans l’enseignement
supérieur et une bonne formation des enseignants.

Ce qui se fait déjà

Certes, on ne part pas de rien. Certains programmes d’enseignement se
préoccupent d’environnement. Les enseignants de biologie, de géographie,
d’économie n’ont pas attendu pour inclure, dans leur enseignement, des éléments
essentiels de la connaissance. L’enseignement philosophique contribue à élaborer
des visions plus globales.

Mais on se heurte cependant à une absence de cohérence interdisciplinaire, à la
difficulté réelle d’une approche plus transversale qui permettrait pourtant de sortir du
formalisme et de mettre à l’épreuve ces capacités à réinvestir des connaissances, à
déplacer les points de vue sur un même problème, qui manquent si souvent à nos
élèves. Ce serait pourtant un moyen de rendre les disciplines plus attractives et de
resituer leurs démarches. Ce colloque devrait nous aider à y voir plus clair. Le CNP a
fait des propositions en mai 1992. Elles méritent d’être discutées et approfondies.

Les dernières mesures de J. Lang

Et ce n’est pas le moindre mérite de l’initiative que nous avons prise en tenant ce
colloque que d’avoir obligé le Ministre hier matin à aborder la question et à annoncer
des mesures. Malheureusement, pour l’essentiel, les mesures annoncées
n’apportent guère de nouveautés. Pour l’essentiel, le Ministre se contente de
demander aux enseignants de s’engager un peu plus dans le bénévolat, sous forme
de PAE, de sorties scolaires, de clubs, de classes de découverte... Le seul aspect
nouveau, c’est l’obligation dans laquelle on va mettre les chefs d’établissement
d’imposer dans ce cadre, un projet obligatoire pour chaque élève au collège. C’est en
rupture avec la logique des clubs et des PAE. Rien n’est moins propre à leur
développement.

De nouvelles tâches aussi sont imposées expérimentalement à quatre IUFM sans
dégagement des moyens qui leur font déjà cruellement défaut et qui vont leur
manquer encore plus avec la décision de former, dans les IUFM, les maîtres de
l’enseignement privé.

Il faut noter que l’augmentation des horaires de biologie en 6e/5e proposée à deux
reprises par le CNP n’a pas été retenue, pas plus que l’idée de dégager un horaire
spécifique.

Se méfier des certitudes

Il existe cependant aujourd’hui des difficultés sérieuses pour le citoyen et pour
l’enseignant à acquérir quelques certitudes sur l’évolution des milieux et sur les
dangers qui menacent vraiment les équilibres fondamentaux de la planète. La
vulgate écologique sur I’effet de serre, sur les risques de réduction de la couche
d’ozone, sur l’état réel ou supposé des pollutions, qui impressionne fort les élèves, à
en juger par ce qu’ils écrivent dans leurs copies, n’est pas suffisante pour aider à
poser les problèmes d’environnement.

Et si, dans les milieux scientifiques eux-mêmes, on entretient des polémiques - entre
Rio et Heidelberg - opposant les "idéologies irrationnelles et les progrès
scientifiques" sans aller au fond des problèmes, vous comprendrez que cela n’aide
pas les enseignants des écoles, collèges et lycées à y voir bien clair. La pire solution
serait d’enseigner des idées toutes faites et des dogmes et non de fournir les outils
critiques de problématiques solides.

Nous avons besoin aussi de transparence et de démocratie sur les certitudes et
incertitudes scientifiques. Sinon ce sont effectivement les réflexes irrationnels qui
l’emportent. Les questions d’environnement supposent une conscience et des choix
que le citoyen lui-même doit effectuer et que la connaissance et la science ne
peuvent qu’éclairer.

Un enjeu mondial

Nous attendons de ce colloque qu’il nous aide à y voir plus clair sur toutes ces
questions.

Mais nous savons aussi que les problèmes d’environnement posent surtout la
question fondamentale de la croissance, du développement, de leur forme et de leur
contenu. Nous ne croyons pas qu’il suffise que les pays du G7 imposent leurs choix
actuels à toute la planète pour résoudre les problèmes. Nous savons au contraire
que cela aggrave un peu plus les menaces qui pèsent sur l’environnement. Le
sommet de Rio, à cet égard, a bien reflété ce dialogue de sourds entre les tenants
d’un capitalisme agressif, légèrement verdi pour la circonstance, et les cris de
détresse des 4/5èmes de la planète. Les pays riches poussent même I’arrogance
jusqu’à se placer en donneurs de leçon écologique alors qu’ils produisent l’essentiel
des émissions de gaz à effet de serre et qu’ils enferment le Tiers-monde dans un
endettement et une régression qui sont eux-mêmes des causes de la déforestation
et de l’épuisement des sols.

Nos syndicats se sentent pleinement concernés par ces problèmes, par la nécessité
d’un nouvel ordre économique international, pour contribuer à élaborer d autres
conceptions de la croissance et du développement plus soucieuses de justice et de
paix, plus soucieuses de l’avenir de la planète. A ce titre aussi, ce colloque peut nous
aider à mieux prendre la mesure de l’imbrication des problèmes économiques,
politiques, éthiques et écologiques.

Voici donc trois ambitions : construire un enseignement de l’environnement cohérent
tout au long de la scolarité, non pas comme un appendice greffé mais tirant
pleinement profit des apprentissages disciplinaires, éclairer les enseignants sur les
enjeux scientifiques réels afin de les aider à construire des démarches rationnelles,
aider les citoyens et les syndicalistes que nous sommes à penser la complexité des
problèmes imbriqués du développement et de l’environnement pour aider à
construire le mouvement social sans lequel continueront à sévir les pires prédateurs
de la planète.


Comité scientifique et coordinateurs}

Les personnalités suivantes nous ont aidé à préparer ce colloque, dans le cadre
du " comité scientifique " :
 M. Georges FETERMAN, représentant le M.n.l.e,
 Me Gisèle GENSAC, protesseur de biologie géologie,
 M. Pierre GENSAC, professeur
des universités, physiologie végétale,
 Me Ginette JOLLIVET, inspectrice d’académie
adjointe, sous-directrice de l’I.u.f.m. de Paris,
 M. Jacky KISTER, C.n.r.s., directeur du
laboratoire de géochimie analytique et environnement,
 M. Dominique LECOURT,
philosophe, professeur des universités,
 M. Patrick LEGRAND, I.n.r.a. cellule
environnement,
 Jean Claude LEVY, journaliste, historien-géographe,
 Me Elisabeth MARX, chercheur en didactique,
 M. Jean OBERTI, Docteur en médecine, institut
agronomique méditerranéen, groupe d’écologie urbaine pour l’O.n.u.,
 M. Christian SOUCHON, chercheur en didactique des sciences, professeur à l’université Paris
VII.

Ont participé à la conception pour leurs syndicats :
 Jean-Louis PEUDON, S.n.e.s.,
 Jacky KISTER, S.nc.s,
 Annick MERRIEN, S.n.e.t.a.p,
 Daniel MONTEUX, S.n.e.sup,
 Jean-Michel EVANNO, S.n.u.i.p.p.,
 Alain BECKER, S.n.e.p.

Ce colloque a été organisé par Alain PREVOT et Jean-Claude LEVY, Snes.


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